Sous l’impulsion de Georges Guillard, membre fondateur, et de Rémy Fombon, directeur, la revue « Orgues Nouvelles » se définit ainsi :
« Fondée en 2008, la revue Orgues nouvelles affiche trois ambitions :
Orgues : toucher les organistes, tous les organistes, et tous ceux qui de près ou de loin travaillent à l’avenir de cet instrument prestigieux et menacé.
Nouvelles : collecter et diffuser toutes nouvelles concernant l’orgue, sa musique, ses musiciens ; informer, former, réagir ; magnifier son répertoire cultuel, mais aussi réhabiliter, revivifier et imposer sa place dans le concert instrumental profane.
Ainsi Orgues Nouvelles mettra en valeur sa très forte identité européenne sur les plans patrimoniaux, musicaux et socio-culturels. Elle paraît quatre fois par an, en janvier, avril, juillet et octobre, et comprend 52 pages en couleurs, un cahier de partitions de 16 pages et un CD mixte (audio et cédérom). C’est assez dire qu’il y a de la place pour la Musique, et pour des articles « de fond » sur la pédagogie et le métier de l’organiste, le patrimoine et la facture d’orgue, mais aussi une ouverture européenne, des entretiens… »
Les sommaires des numéros parus figurent sur le site. Un bulletin d’abonnement ou de réabonnement est envoyé avec chaque numéro.
La « Revue l’Orgue », Directeur éditorial : François Sabatier, se présente ainsi : « L’Orgue est une revue savante trimestrielle consacrée à l’instrument (facture, œuvres, interprètes…). Chaque numéro comprend un dossier principal thématique et une chronique des parutions de livres, disques et partitions.
L’Association des amis de l’orgue a été fondée en 1927 par Bérenger de Miramon Fitz-James (1875-1952) et Norbert Dufourcq (1904-1990). Un des moyens retenus pour la promotion de l’orgue fut la publication d’un bulletin, puis de Cahiers et mémoires plus thématiques à partir de 1969. En 1997 la revue L’Orgue abandonne la présentation en cahier agrafé pour un brochage permettant des numéros plus épais, et devient thématique pour chaque numéro trimestriel.
Vous pouvez consulter la liste ci-dessous des numéros parus et leur sommaire, ou bien utiliser la boîte de recherche pour chercher par mot-clé. Pour les adhésions à l’association comme pour les abonnements professionnels à la revue (bibliothèques, diffuseurs), merci de contacter l’Association des Amis de l’orgue, 178 rue Legendre, 75017 Paris – FRANCE. Symétrie assure la vente au numéro. »
Article publié dans le n°60 – Janvier 2007 du Bulletin des Amis de l’orgue de Versailles
magnificat du 1er ton attribue à j.N. GEOFFROY
Proposition de plain chant
Les spécialistes, et notamment les davecinistes qui ne voient aucune comparaison possible avec le Livre de clavecin dont il est l’auteur, considèrent que le « Livre d’Orgue attribué à Jean-Nicolas GEOFFROY » (1633 – 1694) n’est certainement pas de lui, mais plutôt l’oeuvre anonyme d’un disciple ou d’un proche de Guillaume Gabriel NIVERS (1632 – 1714).
Même anonyme, ce Livre d’Orgue n’en présente pas moins un intérêt considérable dans la mesure où des versets à chanter y figurent dans le psaume « Memento, Domine, David » et pour le « Magnificat du 1er ton ».
Mais ces deux cas paraissent de nature différente, ne serait-ce qu’en raison de leur tessiture. Autant le « Memento » évoque bien l’hypothèse d’un plain-chant harmonisé, autant le « Magnificat » semble plutôt correspondre à la réalisation d’un continuo dont le plain-chant n’est pas noté sur la partition.
Si l’évolution obligée de la teneur du plain chant manquant évoque bien d’emblée le ton « pérégrin », celui proposé par l’édition vaticane ne convient pas. Après la médiante, la mélodie repart sur un « sol » incompatible avec un accord de fa majeur.
Ton pérégrin de l’édition vaticane
Les traités du 18ème siècle proposent d’autres versions (même si la mélodie est peut-être beaucoup plus ancienne). A ma connaissance, aucune de correspond très exactement aux continuos du pseudo Geoffroy, bien que la parenté soit évidente.
En voici trois exemples :
« In exitu » de Hardouin (Reims – 1760)
« Magnificat » de Oudoux (Paris – 1776)
« Laudate Dominum » de Lebeuf (Paris – 1741)
Il existe par contre une autre hypothèse que je n’ai pas entendue proposer jusqu’ici. Il s’agit du « Magnificat » allemand, d’auteur anonyme, tel qu’il fut utilisé par Bach dans le Duetto de sa Cantate 10, son choral transcrit (Schübler) BWV 648 et sa Fuga sopra il Magnificat BWV 733.
Soit directement, soit au prix de quelques extrapolations, cette mélodie peut être décalquée (ou développée, si nécessaire) dans les versets chantés du pseudo Geoffroy et s’adapte sans grande difficulté aux continuos correspondants.
Pourquoi un verset sur deux suit-il d’assez près la mélodie du « Magnificat » allemand tandis que les autres se prêtent à des répétitions et à des développements ? On peut se demander s’il n’y avait pas en l’occurrence alternance entres chantres habitués à une mélodie traditionnelle et un chœur plus apte à s’adapter à un plain-chant musical légèrement plus varié. Pure hypothèse !
Pourquoi ce thème, s’il est bien d’origine allemand, aurait-il été utilisé en France ? D’un côté, il y avait beaucoup de différences entre les plains-chants suivant les régions françaises et on est loin de les connaître tous. D’un autre côté, on sait qu’à cette époque plusieurs musiciens allemands sont venus travailler en France. Peut-être l’un d’eux l’aurait-il fait avec Nivers ?
Quoiqu’il en soit, l’hypothèse que je formule ma parait assez intéressante du point de vue musical. De plus, ce plain chant reconstitué et les continuos du supposé Geoffroy peuvent être utilisés en alternance avec les versets d’orgue pour tous les Magnificat du 1er ton de l’époque baroque française qui ne citent pas d’autres plains chants.
Jean-Claude DUVAL, Organiste titulaire de l’église de Sainte Madeleine de Bagnoles de l’Orne (F – 61140)
N.B. Cette version chantée du Magnificat du 1er ton attribuée à J. N. Geoffroy a été enregistré avec ses versets d’orgue sur un CD de découverte de l’orgue de l’église de Sainte Madeleine de Bagnoles de l’Orne. S’adresser à Jean-Claude DUVAL :
Il est des chants dont les religions chrétiennes se revendiquent la paternité. C’est en principe un signe de qualité. En voici, me semble-t-il, le plus symptomatique.
Commençons par la version française, la plus connue chez nous. La France n’en n’a pas fait un usage ancien, du moins à ma connaissance. Mais c’est la version évidemment la plus connue chez nous. Il s’agit du chant « Nous chanterons pour Toi, Seigneur ».
Ed. Fleurus
Le classement à la lettre K des « Chants notés » le destine aux thèmes de la Pentecôte, du Saint Esprit et du mystère de l’Église. Mais les 15 couplets sont prévus pour le dessein de Dieu, le salut de Jésus Christ, l’unité des hommes, l’Eucharistie, la mission et aussi pour servir de doxologie.
Voilà pour la version utilisée actuellement par les catholiques. Mais l’origine du chant est ancienne. On le trouve en effet :
Dans le recueil « Souter Liederkens » d’Anvers en 1540,
Dans le Psautier Genevois de Marot et de Bèze en 1551,
Dans une édition de Daye en Angleterre en 1560-1561,
Dans une édition allemande de Eichhorn postérieure à 1561.
Commençons par l’édition anglaise.
Ed. Kevin Mayhew
Le titre de « Old Hundreth » vient du fait que la musique a été écrite sur le centième psaume dans l’ancienne version des psaumes métriques de Sternhold et Hopkins.
En 1953, pour le couronnement de la reine Elisabeth II, le célèbre compositeur Vaughan Williams en fit un arrangement pour chœur, assemblée, orchestre, orgue et « toutes les trompettes disponibles ».
Utilisation anglicane de cet air.
Version calviniste maintenant. C’est le psaume 134 du recueil des « Psaumes en vers français avec leurs mélodies » de Clément Marot et Théodore de Bèze.
Ed. Droz
C’est un psaume très court qui ne comporte que trois couplets. Il admoneste les lévites de faire leur devoir et les assure de la faveur de Dieu.
La version luthérienne est la traduction de l’hymne « Dicimus grates tibi summe rerum » (Nous Te rendons grâces pour le maximum de choses). Bach ne l’utilisera que deux fois dans toute son œuvre.
Ed. Breitkopf
Des comparaisons seront intéressantes à faire entre les métriques. Les différences ne sont pas seulement visibles en fonction des mesures indiquées à la clé. Les durées des notes et les appuis rythmiques sont réellement différents.
Connaissez-vous un « Noël » qui ne parle ni de la crèche, ni du petit Jésus, ni des anges, ni de Marie ? … mais de Sainte Madeleine. Le titulaire de l’orgue de l’église Sainte Madeleine de Bagnoles de l’Orne ne peut pas rester insensible à la chose.
Voici le premier couplet de ce « Noël » tel qu’il figure, avec sa basse continue, dans le recueil des « Chants des Noëls anciens et nouveaux » publié à Paris par Christophe Ballard en 1703.
Si vous avez lu ce premier couplet, vous n’avez peut-être rien remarqué de particulier. Dès le 2ème, on vous prévient : « Oyez de la Madelaine Le beau chant ». C’est « La Conversion de Sainte Madelaine »
Voici le texte complet de ce « Noël », texte extrait pour des raisons de meilleure lisibilité d’un recueil publié à Nantes en 1876 de « Vieux Noëls composés en l’honneur de la Naissance de Notre-Seigneur Jésus Christ ». Les couplets sont à lire de haut en bas et de gauche à droite.
Les organistes sont nombreux à avoir écrit une ou plusieurs variations sur le thème de ce « Noël ».
Par ordre chronologique :
Nicolas GIGAULT (1627 – 1707) : « Livre de musique dédié à la Très Sainte Vierge Marie contenant les cantiques qui se chantent en l’honneur de son divin enfantement – 2ème partie » partie »
André RAISON (1645 – 1719) : « Deuxième Livre d’orgue »
Michel Richard de LALANDE (1657 – 1726) : « Noëls en trio – 1er Livre »
Pierre DANDRIEU (1664 – 1733) : « Livre de Noëls variés, n° 18 »
Jean-François DANDRIEU (1681 – 1738) : « Livre de Noëls pour l’orgue et le clavecin »
Michel CORRETTE (1707 – 1795) : « Suite II, 1er Noël »
Guillaume LASCEUX (1740 – 1831) : « Tous les offices de l’année (??) »
Alexandre Pierre François BOËLY (1785 – 1858) : op 42 posthume n° 4 1858
Alexis CHAUVET (1837 – 1871) : « Offertoire pour le Dimanche entre la Circoncision et l’Épiphanie ».
Ajoutons pour être le moins incomplet possible que Claude BALBASTRE (1724 -1799) a composé des variations sur le thème musical de ce même « Noël ». C’est le 3ème Noël de sa 2ème Suite. Mais les paroles sont tout à fait différentes. Intitulé « Joseph revenant un jour », le texte décrit le « voyage de Joseph et Marie à Bethléem ». On est revenu là dans la catégorie des « Noëls » traditionnels.
Jean Claude Duval – 12 Décembre 2012 et 2 Septembre 2020
Je pars du principe que lorsque Bach composait ses préludes de chorals de l’Orgelbüchlein, il avait forcément en tête le tempo des dits chorals chantés par le chœur. C’est pourquoi j’ai l’intention d’étudier ici les relations de tempo entre les chorals chantés et les préludes joués à l’orgue.
Pour ce faire, j’utiliserai le recueil publié par Bärenreiter sous la référence BA 257 des dits chorals harmonisés pour le chant à quatre voix et le cas échéant transposés dans la tonalité du choral pour orgue.
Bien entendu, j’écouterai les enregistrements existant des chorals de l’Orgelbüchlein joués à l’orgue en alternance avec les mêmes chorals chantés par un chœur.
A titre de publicité entièrement gratuite, je ne suis pas insensible à l’intérêt des deux CD enregistrés en leur temps par Helga Schauerte.
Mais il existe beaucoup d’autres enregistrements comparables et je ne veux pas faire tort à leurs valeureux interprètes.
Les indications du « Guide de la Musique d’Orgue » publié chez Fayard sous la direction de Gilles Cantagrel dans la collection des « Indispensables de la Musique » seront également précieuses. Elles donnent, comme le livret des CD ci-dessus, la traduction en français du texte des chorals, mais aussi des éléments d’analyse musicale et les durées d’exécution généralement admises en France.
Il faut également mentionner aussi le livre de Jacques Chailley publié chez Leduc sur « Les chorals pour orgue » de J.-S. Bach, qui reste en la matière le livre de référence.
Le seul ajout que j’ambitionne d’apporter à ces ouvrages est celui de l’étude méthodique des relations entre les tempi des chorals chantés par un chœur et ceux des chorals joués à l’orgue.
Étant donné le nombre des chorals concernés (45), ceci n’est pas une petite affaire.
J’ai toujours été frappé que dans l’enseignement de la musique d’orgue baroque française on insiste très peu sur une recommandation qui me parait essentielle et qui est formulée de façon très claire par André Raison dans son « Livre d’orgue » de 1688.
Livre d’orgue
Contenant Cinq Messes Suffisantes Pour tous les Tons de l’Eglise ou Quinze Magnificats pour ceux qui n’ont pas besoin de Messe avec des Elevations toutes particulières. Ensuite des Benedictus : Et une Offerte en action de Grace pour l’heureuse Convalescence Du Roy en 1687. Laquelle se peut aussi toucher sur le Claveçin.
Au Lecteur :
Il faut observer le Signe de la Pièce que vous touchez et considérer si il a du rapport à une Sarabande, Gigue, Gavotte, Bourrée, Canaris, Passacaille et Chacone, mouvement de Forgeron et y donner le mesme air que vous lui donneriez Sur le Claveçin. Excepté qu’il faut donner la cadence un peu plus lente à cause de la Sainteté du Lieu.
Il est vrai que la plupart des organistes actuels, s’ils savent heureusement reconnaître les signes de mesure (sans pour autant faire la correspondance avec les différentes sortes de danses), sont certainement bien peu nombreux à identifier plus de 3 ou 4 sortes de danses baroques.
Force est alors de se reporter aux traités de l’époque et, par exemple, aux « Caractères de la Dance » de Rebel.
On trouve dans cet ouvrage les exemples des principales danses de l’époque « Prélude, Courante, Menuet, Bourée, Chaconne, Sarabande, Gigue, Rigaudon, Passepied, Gavotte, Sonate, Loure, Musette ».
Bien plus tard, en 1777, Johann Philipp Kirnberger, brillant élève de Jean Sébastien Bach, publie un « Recueil d’Airs de danse Caractéristiques » dans la préface duquel il indique : « Pour acquérir les caractéristiques indispensables à un bon style d’exécution, le musicien ne peut faire mieux que d’étudier assidûment toutes sortes de danses caractéristiques ».
L’ouvrage comprend une suite enchaînée de 26 danses dont la plupart sont bien connues, mais dont certaines sont plus nouvelles : Polonaise, Souabe, Cosack, …
Il existe certainement dans le commerce et/ou sur Internet des vidéos ou des enregistrements musicaux de ces suites de Rebel et Kirnberger.
L’autre versant du problème est celui de l’équivalence entre les signes de mesure et les danses. Là aussi au moins deux traités anciens viennent à notre secours en nous donnant les correspondances habituelles entre tel signe de mesure et tel type de danse.
Tout d’abord « L’art de Préluder sur la Flûte Traversière » de Hotteterre.
Prenons l’exemple de la « Mesure à 2 temps ».
On lit dans cet ouvrage : « Cette mesure se marque par un 2 simple. Elle est composée de 2 blanches ou de l’équivalent; elle se bat à 2 temps égaux. Elle est ordinairement vive et piquée. On l’employe dans le début des Ouvertures d’Opéra, dans les Entrées de Ballet, les marches, les bourées, gavottes, rigaudons, branles, cotillons etc … Les croches y sont pointées. »
Autre exemple d’ouvrage renseignant sur la concordance entre les signes de mesure et les sortes de danse : « L’école d’Orphée » composée par Michel Corrette en 1738.
Outre les indications figurant sur la page titre (voir ci-après), l’ouvrage comporte des leçons pour apprendre à jouer du violon dans le goût français, d’une part, et dans le goût italien, d’autre part.
Poursuivons l’exemple de la mesure à deux temps. On lit au « Chapitre IV. Explication des mouvements à quel genre de pièces ils servent ».
« Le deux tems marqué par un 2 sert aux Rigaudons, Branles, Bourées, Gaillardes, Villageoises, Cotillons, Gavottes, etc … Il faut passer la deuxième croche plus viste ».
A partir de toutes ces sources d’information, il doit être possible d’identifier dans les suites baroques pour orgue à quel type de danse se rattache chaque verset, en tout cas ceux qui ne sont pas de facture purement instrumentale.
C’est ce que j’ai l’intention de prendre le temps de faire avec les deux Suites du Livre d’orgue de Louis Nicolas Clérambault.
Si j’y parviens, le mérite ne sera pas immense. Clérambault fut l’élève d’André Raison et le remplaça en 1719 à l’orgue des Jacobins de la rue Saint Jacques.
Cet article avait été écrit à l’origine le 16 Décembre 2012. Depuis lors, il était resté en l’état. Or, je viens de découvrir par hasard que la réponse à mes questions a été magistralement apportée par Olivier Latry dans un article intitulé « Caractéristiques des danses en France aux XVII° et XVIII° siècles » publié sur Internet en collaboration notable avec Jean SAINT-ARROMAN le 6 Août 2016 sous le lien
S’agissant de Clérambault, l’auteur y relève les corrélations suivantes :
Suite du 1er ton : duo / passepied, basse et dessus de trompette / également passepied, dialogue sur les grands jeux / ouverture à la française. Suite du 2ème ton : duo / bourrée.
Mais Olivier Latry cite maints autres exemples de corrélation entre versets d’orgue et danses, sauf erreur 9 de Couperin, 6 de Raison, 4 de Guilain, 3 de Grigny, 3 de Marchand, etc … Autant dire que le voyage vaut le détour. Bonne lecture.
Internet met aujourd’hui à notre disposition beaucoup de livres anciens qui intéressent les chercheurs dans le domaine qui leur est cher. Je me propose de facilter votre recherche éventuelle en matière d’orgue (avec en plus deux tables récentes), de chant grégorien et de Noëls. Dernière mise à jour 19 Novembre 2013.
Il existe une revue suisse qui s’appelle « La Tribune de l’Orgue » et qui à mes yeux présente le plus grand intérêt. Malheureusement, elle me paraît complètement méconnue en France. Je voudrais donc vous en parler et essayer de vous convaincre qu’il y a dans ses numéros successifs une mine d’or où brillent souvent des pépites alléchantes, égayées parfois d’un humour helvète que pour ma part j’apprécie bien.
Mais chauvinisme, et quelque part, politesse obligent, je ne peux m’abstenir de vous rappeler au préalable l’existence de revues françaises qui ont aussi leur intérêt. Pardonnez-moi de n’en citer que deux : « L’orgue » et « Orgues nouvelles ». Il n’y a pas concurrence entre ces différentes revues, mais complémentarité. De plus les françaises sont très directement accessibles et ne nécessitent pas davantage d’informations que n’en donnent leurs sites bien complets, alors que « La Tribune de l’Orgue » devrait, à mon sens, être mieux connue.
Voici ce qu’écrit la revue « La Tribune de l’Orgue » sur son site :
« Notre revue est écrite par le concertiste de renommée internationale, Guy Bovet de Neuchâtel. Elle est publiée à plus de 750 exemplaires et est diffusée dans le monde entier, principalement en Suisse où elle compte plus de 600 abonnés. Les thèmes de nos textes sont, entre autres :
Orgues anciennes ou restaurées
Orgues nouvelles
Histoire de l’orgue
Avenir de l’orgue
Historique des compositeurs contemporains ou anciens
Interprétation pour des pièces d’orgues
La musique religieuse
Des rubriques : nous avons lu, reçu, entendu
Des annonces : cours, concours, académies…
et les inoubliables voyages de Philéas Fogg, etc. …
Tous les artisans de cette revue (pour la publicité, l’administration, le secrétariat, sans oublier notre rédacteur en chef), travaillent bénévolement ainsi nous pouvons, grâce à votre participation et celle de nos annonceurs (les manufactures d’orgues de notre pays) vous offrir une revue variée contenant beaucoup d’illustrations et une couverture en couleur au format A4. Notre revue compte environ 60 pages, et paraît à la fin de chaque trimestre depuis maintenant 58 ans. »
Les parutions de la revue sont numérotées par ordre d’année et de trimestre de publication. Ainsi le dernier numéro reçu à ce jour (Mars 2013) est numéroté 65/1. Cela signifie qu’il s’agit du numéro publié le 1er trimestre de la 65ème année d’existence de la revue. Le site ci-dessus comporte des informations très intéressantes par exemple sur l’historique de la revue; il s’arrête actuellement à la 50ème année. Mais il ne permet malheureusement pas de faire défiler les numéros parus et leurs sommaires. La table des matières du site mentionne les sujets abordés mais ne renvoie pas au(x) numéro(s) concernés, ce qui oblige à contacter l’administration pour que l’article espéré soit recherché et retrouvé. Par contre, le problème du paiement de France en francs suisses, si vous n’avez pas de compte en ce pays ☺ , est résolu grâce au truchement en € d’une Association française.
A ceux qui ne connaissent pas cette revue et aimeraient la découvrir, je recommanderais déjà (de façon intéressée uniquement du point de vue musical, cela va sans dire) de se procurer la table des matières complète des articles parus les 50 premières années. Cette table porte le n° 51/0 (1999). Son intérêt est d’indiquer pour chaque article le (ou les) n° s de la revue à commander.
Je récapitule dans le tableau suivant les principaux articles que j’ai moi-même commandés et dont je n’ai jamais vu l’équivalent ailleurs, tout au moins pour la plupart.
Rubrique
Articles commandés
N°s de la revue
Interprétation
Corrections à apporter à l’édition Kastner de Correa de Arauxo
49/3, 49/4, 50/1, 50/2, 50/3, 50/4
Improvisation
De la registration de Franck spécialement pour les accouplements
45/4, 46/1, 46/2, 46/3, 46/4, 47/1
Notation
Essai sur les règles d’interprétation de la musique espagnole
30/3, 31/1, 31/2, 31/4
Répertoire
La calculation du sentiment dans le choral en la min de Franck
47/4, 48/1, 48/2, 48/3, 48/4
Les doigtés anciens
33/3, 33/4, 34/1
Propos sur l’inégalité
17/1, 17/2, 17/3, 17/4, 17/5, 18/2
Traduction des notes des tientos … de Correa de Arauxo
43/2, 43/3, 43/4, 44/1
Un quart d’heure d’improvisation
du n° 49/4 à nos jours
Une traduction intégrale de la préface et des remarques de Correa de Arauxo
Je possède en tout plus de 150 numéros de la revue. Je ne peux donc pas vous dire tous les articles intéressants qu’ils contiennent. Je vous indique cependant que la table des matières que j’évoque ici comporte aussi les rubriques suivantes :
Rubriques
Nombre de pages
Éditoriaux, Voyages, Liturgie et Théologie, Comptes-rendus, Associations diverses, Calendriers, Nécrologies, Historique de la revue, Musées, Divers
1 page chacune
Facteurs, facture, esthétique et problèmes sur l’orgue
3 et 1/2
Musiciens
2
Orgues nouvelles, restaurées, anciennes …
7
Annonces de manifestations : cours, concours, congrès, académies, expositions …
4
Association des organistes romands
2
Calendriers, disques, livres, partitions
17
Humour noir, rose, rosse …
2
Photographies et compositions d’orgues
19
Photographies de personnalités
1 et 1/2
Dessins, plans, caricatures, photos diverses …
2
Revue des revues
5
Quant aux numéros parus depuis la 51ème année, je peux déjà vous citer à titre d’exemple le sommaire du dernier, le 65/1 :
Éditorial
Les transcriptions pour orgue de « L’estro Armonico » de Vivaldi (article traduit du néerlandais par G. Bovet)
De l’Orage à Fribourg (la partition de Vogt/Haas ne précise pas la registration à utiliser; cette absence est réparée par G. Bovet)
La quart d’heure d’improvisation avec E. Le Divellec
Une version élaborée par E. Voeffray du « Canon » de Pachelbel
Un joli conte du Gros-de-Vaud
Les voyages de M. Philéas Fogg (alias G. Bovet)
Personnalités : Marie Claire Alain (décédée le 26-2-2013) et les 100 ans de Pierre Segond, par G. Bovet
Réalisations facture Kuhn SA
Disques, Partitions, Livres, Divers, Courrier, Revue de presse, Cours, Concours, Congrès et Académies.
Passant rapidement en revue les sommaires des numéros de la 51ème à la 64ème année, je relève quelques articles qui m’ont particulièrement intéressé en demandant pardon aux auteurs que j’ai forcément oubliés.
52/1 Diabolus in organo (accessoires humoristiques)
52/1, 52/2 et 52/3 Position des orgues dans les églises
52/4 L’assistance à la traction mécanique
59/3 et 59/4 Registrations françaises du classicisme
à la Révolution
60/1 et 60/2 L’orgue du Britannic Seewen et ses rouleaux
53/3 et 53/4 La faune des orgues
53/4, 54/1, 54/2 et 54/3 L’orgue d’Albert Alain
54/1, 54/2 et 54/4 Répertoire de l’organiste liturgique
53/4 et 54/1 La tradition hollandaise de l’improvisation
54/4 Registration du répertoire nord allemand
55/2 La flore des orgues
57/2 Le monde sonore de l’orgue classique italien
57/3, 57/4 et 58/1 Berlioz et l’orgue : une réhabilitation ?
57/4 Le tempérament de Bach ?
58/1 Les 6 orgues de la Basilique de Mafra
58/3 Un itinéraire espagnol
59/2, 59/3, 59/4, 60/1 et 60/2 Le tempérament inspirateur
de philosophes et d’écrivains
60/3 L’orgue romain d’Avenches / Aventicum
60/3, 60/4 et 64/4 Jules Verne : M. Ré# et Melle Mib
60/3 Problèmes de notation et transcription dans Correa de Arauxo
61/1 Aspects de la musique symphonique française
61/1 Compositeurs allemands néo-classiques
61/4, 62/1 et 62/2 Bach et les 16 pieds
62/1 Le voyage en Italie du musée suisse de l’orgue
62/4 Au pays basque espagnol avec le musée
63/1 Le Mexique revisité
63/4 Mozart et l’orgue
63/3, 64/1 et 64/2 Faire un orgue
Dans tous les numéros, on retrouve les voyages de Philéas Fogg (G. Bovet) et le ¼ d’heure d’improvisation (E. Le Divellec). Dans de trop rares numéros, quelque iconoclaste impénitent a publié des parodies de cantiques :
54/3 : un pastiche « Trouver un plombier le Dimanche » (au lieu de « Trouver dans ma vie ta présence » – Schoking!)
55/1 : un véritable cantique ancien « L’encens divin »,
59/2 : des nouveaux cantiques » Fais jaillir ton é, fais jaillir », « Tout l’univers est tout nu l’hiver »,
« Amen » (antiphonaire de St Etienne), » La brebis s’était é, la brebis », « Chantez, chantez, chantez au Seigneur ».
59/4 : à la demande générale, encore des nouveaux cantiques « Dans les verts pâturages, je me meus », « Notre Père »,
« Au haut, au haut de la montagne sainte », « Par ce pain » (chant de communion), « Dieu est unique, Dieu est unique ».
L’humour réside dans les paroles, dans la musique et/ou dans le décalage entre les paroles et la musique.
Mais ne craignez pas, cela ne prend qu’une ou deux pages par numéro cité.
Et la finance dans tout ça ?
Tout est évidemment expliqué sur le site de la revue. Je résume pour le cas de la Suisse et de la zone Euro (parité actuelle : 1 CHF = 0,8054 €).
Table des matières des 50 premières années (1948 – 1998) [1ère à 50ème année] N° spécial 51/0 (88 pages format A4) : 18 CHF.
Photocopies des premières années (1948 – 1965) [1ère à 17ème année] A partir d’originaux anciens, la collection complète : 300 CHF + port, Collection partielle : faire demande.
Vente de N° s format A5 des années 1965 – 1998 [17ème à 50ème année] Tarif dégressif de 8 à 4 CHF le N° suivant le nombre de N° s .
Collection complète des années 1966 – 1998 [18ème à 50ème année] 550 CHF + port.
Vente de N°s format A4 à partir de l’année 1999 [51ème année et suivantes] Numéros isolés : 14 CHF. Années complètes : 50 CHF.
Ces informations sont données à titre indicatif. Seules font foi celles mentionnées sur le site de la TdLO ou communiquées par son administration.
Jean Claude Duval – 2 Juin 2013 corrigé le 2 Septembre 2020
Ce dossier est né d’un fichier manuel commencé assez tôt pour éviter les redites dans les concerts. Il porte bien entendu la marque d’un déficit certain de grandes œuvres romantiques et symphoniques. Ce fut surtout une question d’opportunité en fonction des orgues sur lesquelles je jouais.
(Les chiffres entre parenthèses indiquent combien de fois les œuvres ont été jouées en concert).