Cathédrale Saint Vincent de Saint Malo 1967 – 1970

Il ne s’agissait évidemment pas à l’époque du Grand Orgue Koenig de 35 jeux installé au dessus du porche d’entrée et inauguré le 10 Août 1980 en remplacement de l’orgue Debierre détruit en 1944. La grande restauration de la Cathédrale dura, si j’en crois Wikipedia, de 1944 à 1972. La partie basse de la nef et le chœur étaient alors condamnés. Il ne faut pas croire pour autant que l’édifice resta pendant tout ce temps privé d’orgue. Il existait en effet un orgue de chœur construit par Cavaillé-Coll en 1846, restauré en 1890 par Claus qui y apposa sa marque et qui fut installé (en 1947 ?) sur une tribune dans le transept nord. Compte tenu du volume réduit du bâtiment, il sonnait de façon satisfaisante.

Revenu du Tchad à la fin de mon service militaire, je fus affecté, comme je l’ai raconté par ailleurs, à l’État Major de la 9ème Brigade de Saint Malo à compter du 27 Octobre 1965. J’y fis la connaissance de ma première épouse qui tenait parfois l’orgue le Dimanche (et me mariai avec elle le 4 Juillet 1966). Je pense que la véritable titulaire était plutôt Mme Maryvonne Hilaire. Dans le « Dictionnaire des Organistes Français des 19ème et 20ème siècles », Pierre Guillot s’en tira de la façon suivante.

Toujours est-il que je sévis sur cet instrument de 1967 à 1970. Il émigra ensuite à Tinténiac lorsque le Grand Orgue Koenig fût construit. Je jouais régulièrement les offices le Dimanche et participai pendant trois ans à quatre concerts estivaux par saison au profit de la construction du Grand Orgue.

La photo ci-après représente l’orgue tel qu’il est aujourd’hui à Tinténiac. Ne me souvenant plus de sa composition à St Malo, Mr Moal a bien voulu me donner sa composition actuelle

  • GO : Montre 8′, Bourdon 8′, Prestant 4′, Doublette 2′, Nazard 2′ 2/3 et Tierce 1′ 3/5,
  • Récit : Principal 8′, Cor de nuit 8′, Principal 4′, Flageolet 2′, Plein jeu 4 r, Trompette 8′,
  • Pédalier : Soubasse 16′, Bombarde 16′.
  • Tirasses : Go et Récit
  • Accouplement : Récit / GO
  • Boîte expressive : Récit. Tremblant.

Il s’agit d’un orgue de style néo-classique apte à interpréter toutes sortes de musique.

Église Saint Martin de Longny au Perche 1972 ? – 1977

Parti de Saint Malo en 1970 pour devenir Secrétaire général de mairie à Senonches (voir rubrique Ma vie professionnelle de Saint-Malo à Couëron) me trouvai quelques mois privé d’orgue à tuyaux.

La famille de Guy Robineau, ancien condisciple de séminaire, habitait près de Longny au Perche, distant de Senonches d’environ 25 kms. Il avait pris en charge l’orgue de Longny au Perche et venait le jouer, principalement pour les fêtes si je me souviens bien. Il était remplacé par Annie Dennery, éminente musicologue spécialiste du grégorien, qui avait une résidence secondaire sur la commune.

http://www.plm.paris-sorbonne.fr/spip.php?rubrique64

Mais le besoin se fit sentir de renforts supplémentaires. Guy Robineau fit appel à moi et j’acquiesçai d’autant plus volontiers que le Père Leroyer, curé, était vraiment un homme bon, intelligent et généreux. Né en 1913, ordonné prêtre en 1946 et arrivé à Longny en 1961, il prit sa retraite d’abord à St Mard de Réno, puis à l’hôpital de Mortagne avant de mourir à 99 ans le Lundi 2 Avril 2012. Avec lui, l’organiste était considéré comme un homme important. Lorsqu’on arrivait, toutes les partitions étaient prêtes, lorsqu’on partait ce n’était jamais sans un petit chèque « pour ton essence » comme il disait (à l’époque c’était 60 francs, je crois). On était parfois invité à sa table. Je ne sais plus en quelle occasion, la table était présidée par Mgr Pioger. J’appris ce jour là ce qu’était l’humour ecclésiastique.

D’après ce site l’origine de l’orgue remonterait à 1669.

Installé sur la tribune actuelle en 1842, il aurait fait l’objet d’interventions des frères Damien et de Mutin, jusqu’à ce que l’abbé Tronchet (1861 – 1945), Directeur de l’œuvre des Ateliers Chrétiens, récupère en 1928 les éléments existants et les replace dans le buffet ancien. D’autres modifications furent faites ensuite notamment par Philippe Hartmann.

A l’époque où je l’ai joué, l’instrument présentait, si ma mémoire est bonne, la composition suivante :

  • Manuel : Montre 8′, Prestant 4′, Doublette 2′, Plein jeu, Bourdon 8′, Flûte 4′, Clairon 4′, avec en jeux entiers ou coupés au do/do# : Quinte (dessus ± sesquialtera), Larigot (dessus), Trompette 8′ (basse)
  • Pédalier : Soubasse 16′, Tirasse

Église Saint Martin de Ballancourt sur Essonne 1977 – 1980

Ma profession de fonctionnaire m’emmena ensuite à Ballancourt sur Essonne.

Eglise Saint Martin
Niche au dessus du portail d’entrée où était logé l’orgue

Vous ne voyez pas grand-chose. Je pense qu’il y avait deux claviers et un pédalier.

Les souvenirs que j’ai gardés se résument :
  • Aux offices à deux orgues, le fils de mon prédécesseur comme Secrétaire Général de Mairie, accompagnant les chants de la chorale sur un instrument électronique,
  • La bénédiction le 14 Octobre 1979 de la cloche qui avait été refondue à l’initiative du curé, le Père Chollet. J’avais mis les petits plats dans les grands :
    • Grand Prélude en mi b de Jean Sébastien Bach comme entrée
    • Toccata de la Suite Gothique de Léon Boëllmann comme sortie.

Eglise Saint Éloi de La Chabossière à Couëron 1980 – 1983

Là, c’était plus simple. Il n’y avait pas d’orgue, mais un simple instrument électronique affreux que je jouais pour rendre service aux prêtres de la paroisse. La seule chose dont je me souviens, c’est que le plus jeune des deux prêtres, fils de parents divorcés, m’incitait fortement à communier alors même que j’étais en procédure de divorce.

L’instrument était juste à la limite de la nef et du chœur, à gauche sur la photo de droite. Pendant que je jouais la communion, il venait m’apporter l’hostie. Comment refuser ?

« Si quelqu’un te dit quelque chose, tu me les enverras », disait-il.

Divers Instruments de LAVAL 1983 – 2002

Il me fallut quelques semaines d’emménagement et de prises de marques au travail et dans mes loisirs. J’avais en effet avec moi ma chienne Roxane dont mon ex-femme n’avait pas voulu s’encombrer. Ironie de l’histoire, la brave propriétaire qui s’était jurée, m’a-t-elle dit, de ne jamais louer l’appartement du 1 rue du Britais à quelqu’un qui avait un chien, à cause de la malpropreté que cela pouvait engendrer, eut sans doute pitié de moi et me consentit un bail sans rechigner. Je lui en sus infiniment gré. C’était pratique pour moi de loger à proximité immédiate de la mairie. Il fallait par contre dégager du temps pour sortir l’animal. Finalement, c’était plutôt elle qui me sortait. Je n’ai jamais été aussi svelte qu’alors. Au bout de quelques semaines, je ressentis à nouveau le besoin de faire de l’orgue autrement que sur le Johannus 2 claviers que j’avais à la maison.

Cathédrale de la Trinité Laval – Grand Orgue Cavaillé

Contact pris avec le Père Michel Trique, organiste titulaire de l’orgue de la Cathédrale, celui-ci me proposa de le remplacer quand il devait s’absenter. J’acceptai évidemment avec joie. Le clergé était fort sympathique.

Je commençai fort le week-end du 28 et 29 Avril 1984 :

  • Samedi après-midi : mariage à 16 h au Grand Orgue,
  • Dimanche matin : messe à 8 h 30 au Petit Orgue et à 10 h 30 au Grand Orgue,
  • Dimanche soir : messe à 18 h au Grand Orgue.

Je reviendrai plus tard sur le Petit Orgue.

Vous avez remarqué le nombre de messes le Dimanche ? A l’époque, il y avait des prêtres pour célébrer.

Le Grand Orgue Cavaillé-Coll de la Cathédrale de Laval est bien connu des amateurs d’orgue.

Je vous résume néanmoins son histoire.

Suivant le site www.culture.gouv.fr , en 1852 l’abbé Davost lance une souscription pour l’achat d’un nouvel orgue. Le marché est confié à Cavaillé-Coll qui doit construire un orgue de chœur, un orgue de tribune et reprendre l’ancien grand orgue. Celui-ci sera vendu à la paroisse St Pierre d’Oléron où il demeurerait encore aujourd’hui. Le buffet du nouvel orgue sera la première réalisation connue d’un modèle diffusé de nombreuses fois par la suite par Cavaillé-Coll. La partie instrumentale sera retouchée en 1870 et 1893 par Cavaillé-Coll et au début du 20ème siècle par le chanoine Fauchard et le facteur nantais Gloton. Devenu injouable en 1976 après la sécheresse, l’instrument fut restauré par le facteur nantais Renaud et le parti fut heureusement pris de revenir au plus près de l’orgue Cavaillé-Coll. La restauration fut achevée en 1980 à la satisfaction de tous.

Voici sa composition telle qu’elle est éditée dans l’ouvrage intitulé « Le grand orgue de la Cathédrale de Laval », par le Musée du Vieux Château de Laval sous la direction de mon ami, Conservateur de l’époque, Charles Schaettel.

Outre ces jeux, on peut noter :

  • Les tirasses GO et Récit,
  • Les appels d’anches Pédale, GO et Récit,
  • L’accouplement Récit / GO,
  • Le trémolo, l’octave grave et la boîte expressive du Récit.

Pendant des années, le Père Michel Trique donna sur ce Grand Orgue deux concerts par an, l’un aux Rameaux et l’autre à la Toussaint. (Voir un résumé de sa biographie sous l’onglet « Musiciens préférés »). Dans ces concerts, on découvrait évidemment le répertoire romantique et symphonique convenant particulièrement à l’instrument, mais aussi Jean Sébastien Bach et Buxtehude et ses propres compositions dont on trouvera, en quasi-totalité, la libre disposition sous l’onglet « Partitions gratuites ». Malheureusement, avec le désintérêt de la paroisse et des paroissiens, le Père Michel Trique mit fin à ces concerts et à ses compositions voici quelques années.

Cathédrale de la Trinité de Laval – Petit Orgue Positif Sévère

Il s’agit ici d’une autre esthétique. Yves Sévère est l’inventeur d’un procédé d’alimentation en air différent. Habituellement, l’air sous pression est accumulé dans un grand soufflet vertical dont la pression est réglée par des poids disposés sur sa table supérieure. Lorsque l’orgue joue, le soufflet se vide, mais il faut un délai, même infime, pour qu’il se remplisse. Avec le procédé d’Yves Sévère, l’air arrive directement dans le sommier qui comporte un régulateur anti-secousses. Il n’y a pas d’inertie. La régulation de l’air est plus rapide et plus précise.

Si mes souvenirs sont bons, la composition du positif de la Cathédrale de Laval devait être la suivante :

  • GO : Bourdon 8′, Prestant 4′, Tierce 1′ 3/5, Cymbale III r,
  • Positif : Flûte 8′, Flûte 4′, Doublette 2′, Larigot 1′ 1/3, + l’emplacement pour un Cromorne 8′,
  • Pédale : Soubasse 16′.
  • Tirasses GO et Positif,
  • Accouplement Positif et GO.

Basilique Notre Dame d’Avesnières de Laval

L’histoire de l’orgue de la Basilique d’Avesnières est originale et mérite d’être narrée.

On doit le croquis ci-dessous à Jules Planté, dans son ouvrage « La facture d’orgues au 16ème siècle » (Laval – 1889).

Jules Planté était notaire et organiste amateur à Ballots. Il a composé des Noëls et une Fantaisie sur l’Hymne Russe dédiée à Alexandre Guilmant. Il fut l’un des premiers membres de la Commission Historique et Archéologique de la Mayenne. Le croquis représente l’orgue construit par Dubois en 1590. Cet instrument se trouvait placé contre le mur sud de la nef de l’époque sur une petite tribune en nid d’hirondelle à 3 pans. Regardez tout en bas de l’orgue, vous verrez où se trouvait le fameux « papotier ».

C’était une figure grotesque articulée au gré de l’organiste. Elle ouvrait et fermait sa mâchoire et roulait ses yeux l’un de droite à gauche et l’autre de haut en bas.

A l’époque, les organiers aimaient ces attributs faits pour l’amusement des petits et des grands. Cette pièce rarissime a été retrouvée et rachetée par la Ville de Laval en 2006 avec l’aide de la Direction des Musées de France. Chacun peut la voir au Musée du Vieux Château de Laval.

L’instrument d’origine comportait un seul clavier et quelques notes graves de pédale. L’organiste disposait d’un « plain-jeu », de « mutations » et d’anches, ainsi que de nombreux accessoires : « rossignols », « tambours », « estoiles » et le fameux « papot ».

Il fit plusieurs fois l’objet de modifications substantielles. On connaît des compositions différentes du dernier quart du 17ème siècle et de la fin du 18ème. Il sera démonté lors de la construction de l’orgue Debierre en 1895. Le buffet fut entreposé à la sacristie, puis à St Martin (et à Torcé-Viviers ?). Debierre avait construit en 1888 son premier orgue à transmission électropneumatique pour le théâtre Graslin de Nantes.

Il fallait un nouvel orgue pour Avesnières. Jules Planté et la Commission Historique étaient d’avis de ne pas réutiliser le buffet ancien. Il ne pouvait pas être question de laisser l’orgue contre le mur sud. Installé contre la façade ouest, il aurait occulté la fenêtre éclairant la nef déjà très sombre. Debierre proposa une solution originale.

On a peut-être du mal à voir. Mais si vous regardez bien les contours de la fenêtre, vous devinez l’orgue en forme d’arc de triomphe, tel qu’il est aujourd’hui.

Sa composition de 1895 était constituée comme indiquée sur le tableau ci-dessous (extrait du bulletin SAHM n° 10 de 1987).

La console était en milieu de tribune face au chœur. Contacts pris avec le Père Rouzière, curé, et Albert Ribaut, titulaire, je fus intégré au groupe des organistes. Il y avait trois messes : une le Samedi soir et deux le Dimanche matin. Nous nous les partagions.

Composition actuelle
de l’orgue

Et cela dura jusqu’à la fin de l’année 2002 quand nous quittâmes Laval pour Juvigny sous Andaine, beaucoup plus proche de Bagnoles de l’Orne.

Église de Tessé la Madeleine 1996 / 1999

Église Sainte Madeleine de Bagnoles de l’Orne – depuis 2000

Après la restauration, ou plutôt la reconstruction intégrale de l’orgue de son église de Tessé la Madeleine par Jean François Dupont en 1996, le Père Yves Petit, curé, me fit l’honneur de me nommer titulaire de l’instrument. (C’était aussi parce que Laval n’était pas trop loin !).

Une partie très importante du présent site est consacrée à cet orgue sous l’onglet « L’orgue de Bagnoles ». Il faut savoir en effet qu’en l’an 2000, les communes de Tessé la Madeleine et de Bagnoles de l’Orne firent l’objet d’une fusion.

L’église de Tessé la Madeleine devint donc l’église « Sainte Madeleine de Bagnoles de l’Orne », dans le quartier de « Bagnoles Château », par opposition au quartier de « Bagnoles Lac » où se trouve située l’église du « Sacré Cœur »

Je ne détaille donc pas plus avant l’histoire de l’instrument et vous renvoie à la page concernée. Quelques précisions cependant.

Cumuls de casquettes de 1996 à 2002 ?

Il est vrai que pendant cette période je jouais en principe sur trois instruments différents (le Petit Orgue de la Cathédrale de Laval n’était plus utilisé pour les services dominicaux). Mais il faut ajouter qu’à Laval le nombre de messes dominicales s’était considérablement réduit.

Le tableau suivant donne une idée précise de la situation en 1998.

Œuvres composées pour l’orgue de Sainte Madeleine de Bagnoles de l’Orne

Il m’a évidemment été très agréable que des auteurs me fassent l’honneur de composer des œuvres pour l’orgue de Sainte Madeleine et de me les dédier. On retrouvera ces éléments par ailleurs, mais je ne résiste pas au plaisir de vous les annoncer dès maintenant.

Il y eut d’abord le « Livre d’orgue op. 15 » de Michel Trique, 7 pièces dans la tradition classique française, que j’eus l’honneur de jouer en première audition à Sainte Madeleine le 10 Juin 2001 et d’enregistrer sur le CD « Découvrez cet orgue méconnu : Ste Madeleine de Bagnoles de l’Orne » gravé en 2006, épuisé en 2008 et dont je viens de faire retirer à mon compte une petite provision. Successivement : Prélude, Fugue, Récit de cornet, Basse et dessus de trompette, Fonds d’orgue, Récit de tierce en taille et Postlude. Vous trouvez cette œuvre gratuitement sous l’onglet « Partitions gratuites ». Compte tenu de leur volume, les 7 pièces sont partagées en deux PDF successifs : 1 à 4 et 5 à 7.

Il y eut également la « Suite pour un orgue classique français » de Sir Nicholas Jackson, Bt. Cette œuvre comprend 5 pièces : Prélude, Tierce en taille, Cantilène, Basse et dessus de trompette, Caprice. Elle a été créée par l’auteur à Ste Madeleine le 25 Avril 2010 et est en vente sur son site : www.jacksonmusic.co.uk

Il y a enfin une « Variation sur l’Ode à la Joie » composée par Jean Paul Verpeaux le 11 Septembre 2011 et enregistrée sur l’orgue virtuel « Sancta Magdalena » réalisé par lui à partir des sons enregistrés sur l’orgue de Sainte Madeleine. Vous trouvez la partition sous l’onglet « Partitions » avec la référence v020A. Ne confondez pas avec une autre Variation sur le même thème également numérotée 240 et composée pour l’orgue virtuel « Moseles » sous la référence v022vmb

Jean Claude Duval – 25 Avril 2013

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Publié dans Vie