Il est des chants dont les religions chrétiennes se revendiquent la paternité. C’est en principe un signe de qualité. En voici, me semble-t-il, le plus symptomatique.
Commençons par la version française, la plus connue chez nous. La France n’en n’a pas fait un usage ancien, du moins à ma connaissance. Mais c’est la version évidemment la plus connue chez nous. Il s’agit du chant « Nous chanterons pour Toi, Seigneur ».

Le classement à la lettre K des « Chants notés » le destine aux thèmes de la Pentecôte, du Saint Esprit et du mystère de l’Église. Mais les 15 couplets sont prévus pour le dessein de Dieu, le salut de Jésus Christ, l’unité des hommes, l’Eucharistie, la mission et aussi pour servir de doxologie.
Voilà pour la version utilisée actuellement par les catholiques. Mais l’origine du chant est ancienne. On le trouve en effet :
- Dans le recueil « Souter Liederkens » d’Anvers en 1540,
- Dans le Psautier Genevois de Marot et de Bèze en 1551,
- Dans une édition de Daye en Angleterre en 1560-1561,
- Dans une édition allemande de Eichhorn postérieure à 1561.
Commençons par l’édition anglaise.

Le titre de « Old Hundreth » vient du fait que la musique a été écrite sur le centième psaume dans l’ancienne version des psaumes métriques de Sternhold et Hopkins.
En 1953, pour le couronnement de la reine Elisabeth II, le célèbre compositeur Vaughan Williams en fit un arrangement pour chœur, assemblée, orchestre, orgue et « toutes les trompettes disponibles ».
Utilisation anglicane de cet air.
Version calviniste maintenant. C’est le psaume 134 du recueil des « Psaumes en vers français avec leurs mélodies » de Clément Marot et Théodore de Bèze.

C’est un psaume très court qui ne comporte que trois couplets. Il admoneste les lévites de faire leur devoir et les assure de la faveur de Dieu.
La version luthérienne est la traduction de l’hymne « Dicimus grates tibi summe rerum » (Nous Te rendons grâces pour le maximum de choses). Bach ne l’utilisera que deux fois dans toute son œuvre.

Des comparaisons seront intéressantes à faire entre les métriques. Les différences ne sont pas seulement visibles en fonction des mesures indiquées à la clé. Les durées des notes et les appuis rythmiques sont réellement différents.
Mais ce sera un travail ultérieur.
Jean Claude Duval – 23 Avril 2014
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